LETTRE DE
SULPICE SÉVÈRE À DIDIER
SUR LE LIVRE DE
LA VIE DE SAINT MARTIN
Texte numérisé
et mis en page par François-Dominique FOURNIER
Sévère,
à son cher frère Didier, salut :
Redoutant
les jugements des hommes, et retenu par une timidité naturelle,
j’avais l’intention de garder en manuscrit et de ne pas laisser
sortir de chez moi le petit livre que j’ai écrit sur la vie de saint
Martin. Je craignais que mon style peu élégant ne déplut aux
lecteurs, et ne me fît encourir le blâme universel ; car je
m’emparais d’un sujet réservé à de savants écrivains, mais je
n’ai pu résister à tes instances. Que ne sacrifierai je, en effet,
à ton amitié, même en m’exposant à la honte ! J’ai cependant écrit
ce livre, me fiant à la promesse que tu m’as faite, de ne le livrer
à personne. Je crains cependant que tu ne lui ouvres la porte, et
qu’une fois lancé, il ne puisse plus être rappelé. S’il en était
ainsi, et si quelques personnes le lisaient, supplie-les d’attacher
plus d’importance aux faits qu’aux mots, et de supporter patiemment
les défauts de style qui pourraient les choquer, car le royaume de Dieu
ne consiste pas dans l’éloquence, mais dans la foi ; qu’ils se
souviennent aussi que la doctrine du salut n’a pas été annoncée au
monde par des orateurs, mais par des pécheurs ; bien que si cela eût
été utile, le Seigneur eût pu le faire ainsi.
Lorsque
pour la première fois je me décidai à écrire, dans la pensée.
qu’il n’était pas permis de tenir cachées Ies vertus d’un si.
grand homme, je pris le parti de ne pas rougir des solécismes qui
pourraient m’échapper : car je ne suis pas très savant en ces sortes
de choses, et j’ai oublié, pour ne pas m’y être exercé depuis
fort longtemps, le peu que j’en savais autrefois. Enfin, pour ne pas
prolonger ces excuses importunes, si tu le juges convenable, publie ce
livre sans y joindre mon nom ; pour, cela, efface-le du titre, afin
qu’il annonce le sujet sans indiquer l’auteur, ce qui sera
suffisant.
VIE
DE SAINT MARTIN
I.
— La plupart de ceux qui ont écrit la vie des hommes illustres,
exclusivement occupés de la poursuite d’une gloire toute mondaine,
ont espéré par là s’immortaliser. Sans avoir complètement réussi,
ils ont atteint leur but en partie ; car, tout en acquérant une vaine
renommée, les beaux exemples qu’ils racontaient de ces hommes
remarquables excitaient une grande émulation parmi leurs lecteurs. Mais
ce soin qu’ils prenaient de la gloire de leurs héros, n’avait point
pour but la bienheureuse et éternelle vie. Car, à quoi leur a servi
cette gloire qui doit périr avec leurs écrits, et quel avantagea retiré
la postérité de la lecture des combats d’Hector ou des disputes
philosophiques de Socrate, puisque c’est une folie de les imiter, et même
de ne pas les combattre avec énergie ? Ne considérant dans la vie que
le présent, ils se sont nourris de mensonges, et ont enfermé leurs âmes
dans la nuit du tombeau. Ils ont pensé seulement à s’immortaliser
dans la mémoire des hommes, tandis que tout homme doit plutôt
travailler à acquérir la vie éternelle qu’à perpétuer sa mémoire
sur cette terre, non par des écrits, des luttes ou des disputes
philosophiques, mais en menant une vie pieuse et sainte. Cette erreur,
transmise d’âge en âge par les écrits des littérateurs, a
tellement prévalu, qu’il s’est rencontré beaucoup de partisans de
cette philosophie insensée et de ce vain mérite. Je crois donc avoir
fait quelque chose d’utile en écrivant la vie de ce saint homme ;
elle servira d’exemple à mes lecteurs, et les excitera à acquérir
la véritable sagesse, à combattre pour le ciel, et à mériter la
force d’en haut.... SUITE ICI.
La prière du pèlerin de Mgr. AUBERTIN
Cette prière est proposée aux pèlerins à l’occasion de l’Année Saint Martin 2016.
« Heureux les miséricordieux,
ils obtiendront miséricorde. »
Saint Martin, témoin de Jésus-Christ,
apprends-nous à faire l’expérience de la rencontre du Père
au plus profond de notre coeur
dans le silence et l’accueil de la Parole de Dieu.
Aide-nous à reconnaître en toute personne le visage de Jésus
pour le servir et l’aimer dans un don gratuit.
Donne-nous de manifester la joie
de vivre dans la liberté de l’Esprit-Saint,
en sortant de nous-mêmes
pour aller jusqu’aux périphéries de notre temps.
Saint Martin, intercède pour nous : que nous soyons
d’authentiques disciples du Christ miséricordieux,
mort et ressuscité pour nous partager sa vie.
Et confie à notre Père des Cieux
toutes les intentions que nous portons.
Mgr. Bernard-Nicolas AUBERTIN, o.cist,
Archevêque de Tours,
134e successeur de saint Martin
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